L'enseignement historique des religions, il y a quelque chose qui cloche !!!!

Publié le par la fee viviane

 

 

Dans les manuels scolaires, les religions monothéistes sont abusivement nommées « religions du livre ». Cette expression est coranique ! Le Judaïsme s’est constitué autour de la révélation  d’une Loi,La loi de Moïse, comme religion de l’interprétation de cette loi par laquelle Dieu parlait à son peuple. Le christianisme, quant à lui, s’est constitué sur l’interprétation de la personne de Jésus, qui n’a rien écrit, d’abord dans le miroir des textes juifs antérieurs, faisant de lui le Messie ou le Christ réalisant les promesses divines, puis dans celles de la tradition philosophique, faisant de lui la parole (logos en grec) divine incarnée, enfin dans celui de la romanité, faisant de lui l’autorité (auctoritas) dont les membres du clergé sont les mandataires. Au sens strict du terme, il n’est de religions du livre que celle du Coran, parole de Dieu .

Dans les programmes d’histoire, ces religions sont toujours ramenées à leurs origines telle qu’elles ont été réécrites par les traditions qui les ont reconstituées beaucoup, plus tard. Comment en effet, parler des origines du christianisme, au temps de Jésus, qui n’était pas chrétien, mais juif, prédicateur juifs auprès d’autres juifs ? Le Christianisme en tant que système organisé est beaucoup plus tardif s’il relève des structures impériales et ne se constitue comme tel qu’aux 111éme et IVéme siècles. De même pour l’Islam par rapport à Mohammed, qu’il était bien difficile d’identifier dans l’ensemble des courants du judaïsme hétérodoxe et des diverses « hérésies » ou mouvements réformateurs au sein du christianisme !

Le plus curieux est que la présentation de ces religions reste essentiellement religieuse, conforme à ce que chacune de ces religions dit d’elle-même selon ses traditions apologétiques. Les trois monothéismes ne bénéficient d’aucune étude comparée qui permettrait de voir leurs filiations et leurs emprunts !! Ils sont exposés séparément, et cette séparation est accentuée par le fait que, pour l’Islam, Dieu ne soit désigné que dans son vocable « arabe » Allah , on ne dit pourtant pas que les chrétiens anglais adorent « god » ou les allemands « Gott ».

La langue est ici utilisée comme marqueur identitaire qui sépare les deux rives de la méditerannée l’on entend par l 'histoire la présentation des documents resitués dans leurs contextes, et l’étude de leurs conditions de production et de transmission, force est de constater que les chapitres sur l’Islam notamment n’ont rien d’historiques : aucune question sur la constitution du Coran, ses sources, ses influences, ses réécritures et ses diverses interprétations. La présentation reste confessionnelle, ce qui est pour le moins paradoxal dans le cadre des programmes de l’école de la République, un tel enseignement n’est finalement pas laïque !! Il est révélateur des territoires perdus de la république et du développement du communautarisme dans la vie scolaire !  L’enseignement historique de l’Islam est un exemple particulièrement sensible, aux conséquences fort dommageables. comme pour les autres religions ou convictions, il serait indispensable , pour une meilleure connaissance des croyants à cette confession comme pour les autres croyants ou incroyants, que cette religion bénéficie de ce qu’apportent les différentes disciplines scolaires, et notamment l’Histoire, pour contribuer à la formation de l’esprit critique et de la liberté de penser.

Des cycles de formations sont maintenant mis en place pour la formation initiale des enseignants, mais ils ne touchent qu’une minorité de  formateurs et éducateurs. Les récentes évolutions des programmes, notamment la suppression des origines du christianisme et de la rencontre des monothéismes au XIIIéme siècle en classe de seconde, ne favorisent pas cet indispensable investissement pour redonner les possibilités d’une formation à l’intelligence des religions, mais le veut-on vraiment en haut lieu ? A voir les propositions des partis de droite et d’extrême droite aux élections en cours on peut logiquement se poser la question.

 

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